Rentrée scolaire: quelles sont les principales nouveautés?
Comme chaque année, plusieurs nouvelles dispositions visant l’enseignement entrent en vigueur avec cette rentrée des classes. Voici les principales d’entre elles.
Le cours de philosophie et de citoyenneté étendu au secondaire
Introduit l’an dernier au niveau du primaire, le cours de philosophie et citoyenneté (CPC) est étendu dès ce 1er septembre à tout l’enseignement secondaire officiel, à savoir les établissements de la Communauté française ainsi que ceux gérés par les communes, les provinces et la Cocof à Bruxelles, de même que certaines écoles du réseau libre non-confessionnel.
Le cours sera lancé dès la semaine prochaine dans les six années du cycle, à savoir de la première secondaire à la rhéto. Au total, quelque 140.000 élèves sont concernés par cette nouveauté.
Le CPC remplacera une des deux heures hebdomadaires de morale ou religion dispensées jusqu’ici dans ces établissements.
Les jeunes qui le souhaitent pourront même être dispensés de l’heure résiduelle de morale ou religion au profit d’une seconde heure hebdomadaire de CPC. Les parents étaient invités à préciser leur choix avant le 1er juin dernier.
Vu les grands problèmes organisationnels rencontrés l’an dernier lors de l’introduction du cours dans le primaire, les profs concernés redoutent de vivre les mêmes difficultés dans le secondaire. Dans le primaire, certains profs avaient ainsi été contraints de se partager entre 10, 12 voire 14 établissements, parfois, pour conserver un horaire complet…
Pour atténuer ces peurs, le législateur a sensiblement assoupli les règles d’incompatibilité. Un même professeur pourra dorénavant donner à la fois cours de morale/religion dans une même école, mais pas à un même élève toutefois. Les enseignants ne pourront cependant pas être contraints à travailler dans plus de 6 écoles différentes.
Les professeurs de morale ou religion qui souhaitent donner le CPC doivent suivre un module de 20 heures sur la neutralité. Ils ont aussi jusque 2021 pour obtenir, en horaire décalé, un certificat didactique à la philosophie et la citoyenneté de 30 crédits (180 heures) dispensés par plusieurs établissements d’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
L’objectif du nouveau cours est de permettre aux jeunes de susciter et développer une pensée critique et autonome, de questionner et s’approprier la citoyenneté au sens large.
Les référentiels du nouveau cours ont été élaborés, au fil des deux années écoulées, par les différents responsables des différents réseaux officiels et du libre non-confessionnel.
L’enseignement libre catholique est lui aussi tenu de dispenser ces matières touchant à la philosophie et la citoyenneté. Non pas via un cours spécifique toutefois, mais au travers de différents cours déjà au programme (histoire, français, religion catholique, etc.).
Les toutes premières concrétisations du Pacte
Malgré la crise politique qui règne en Fédération Wallonie-Bruxelles depuis le 19 juin, la majorité PS-cdH en sursis a validé juste avant les vacances parlementaires les deux premières mesures concrètes issues des recommandations du Pacte d’excellence.
La première vise à augmenter l’encadrement dans l’enseignement fondamental (maternel et primaire). Un nouveau mode de calcul détermine dorénavant le taux d’encadrement dans ces écoles, ce qui profitera à tous les établissements, mais en particulier aux petites implantations. La mesure doit permettre à terme de combler le retard de la Fédération Wallonie-Bruxelles par rapport aux autres pays de l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) en matière de taux d’encadrement des plus petits.
Dès 2018, de nouveaux postes de puéricultrices et de psychomotriciens seront également créés. Ces professionnels bénéficieront aussi d’un statut plus favorable.
Au total, plus de 1.000 profs supplémentaires devraient être engagés sur une période de trois ans.
La seconde concrétisation du Pacte vise, elle, à mieux soutenir les directeurs d’écoles fondamentales (et du secondaire spécialisé). De l’aveu général, ces chefs d’établissement sont aujourd’hui complètement écrasés par les tâches administratives, ce qui ne leur permet pas de s’occuper suffisamment du pilotage pédagogique de leur école.
En fonction de leurs besoins, ils peuvent dès à présent engager un certain nombre d’éducateurs ou des secrétaires de direction pour les aider.
Des moyens en plus pour créer de nouvelles places scolaires
Face aux défis posés par le boom démographique à l’oeuvre ces dernières années chez nous, un nouveau décret pérennise le soutien financier structurel de la Fédération pour la création de nouvelles places dans les écoles où celles-ci sont en nombre insuffisant.
Vingt millions d’euros supplémentaires seront ainsi mobilisés chaque année à cette fin. Selon la ministre de l’Education, la mesure doit permettre la création de 4.000 et 5.000 nouvelles places par an, soit par l’extension d’écoles existantes, soit la construction de nouveaux établissements.
Ces moyens complémentaires seront réservés aux zones dites « en tension », à savoir là où la demande en places excède de 7% l’offre disponible à l’horizon 2022.
Les pouvoirs organisateurs souhaitant en bénéficier devront participer à un appel d’offres qui sera renouvelé chaque année. La liste des zones « en tension » sera, elle aussi, mise à jour annuellement.
De nouveaux critères pour l’encadrement différencié
Les écoles accueillant un public défavorisé voient leur mode de financement quelque peu remanié avec cette rentrée scolaire.
Dans un souci d’équité sociale et de lutte contre le décrochage scolaire, ces écoles dites « à encadrement différencié » perçoivent depuis 2009 d’un surcroît de moyens financiers, notamment pour relever l’encadrement de leurs élèves, soutenir les apprentissages en classe ou hors classe, organiser des études dirigées, soutenir l’apprentissage du français, assurer un tutorat, etc.
Ces écoles étaient toutefois sélectionnées sur base de critères socio-économiques vieux de plus de 15 ans, raison pour laquelle le gouvernement a décidé de revoir tout cela. Quatre nouveaux critères -jugés plus fiables- seront donc appliqués.
Ce n’est ainsi plus l’indice socio-économique du quartier où l’école est établie qui sera déterminant, mais bien les données individualisées des élèves: les revenus du ménage de chaque enfant, le niveau de diplomation et le taux de chômage des parents, …
Cette évaluation sera réalisée chaque année, et non plus tous les cinq ans comme jusqu’à présent.
Pour éviter qu’une école ne soit exclue abruptement du mécanisme suite à l’application des nouvelles règles, un mécanisme de lissage a été prévu sur six années.
En Fédération Wallonie-Bruxelles, un élève sur quatre environ est aujourd’hui scolarisé dans une école « à encadrement différencié ».
Le décret Titres et Fonctions quelque peu réaménagé
Entré en vigueur non sans heurts en septembre 2016, le décret sur les Titres et Fonctions est quelque peu adapté afin de corriger certaines maladies de jeunesse, rigidités et difficultés d’application.
Les Pouvoirs organisateurs (PO) pourront ainsi recruter avec plus de facilité et aussi favoriser le regroupement des charges pour les enseignants.
Face aux difficultés à trouver des enseignants dans certaines disciplines, la liste des « titres de pénurie » pour combler le manque de candidats a été revue de manière à offrir une liste exhaustive.
Si les PO ne trouvent malgré cela pas de prof disposant du titre repris dans cet inventaire, ils devront se tourner alors vers un chambre spécifique qui remettra (ou pas) une autorisation d’enseigner au candidat trouvé par la direction d’école.