Refugreenergy : la fake news qui voulait sauver le monde
Le Vif a mis en ligne un article le 2 octobre à 13 h 56 en sachant pertinemment qu’il relevait d’un canular. Refugreenergy n’est pas une start-up. Et il n’a jamais été question de monnayer 24 heures de légalité pour des réfugiés contre une production d’électricité verte. Le fake est signé Yes Men. Récit.
Ce qui a existé c’est le 6e festival SIGNAL consacré à l’art vivant dans la ville et organisé par le CIFAS (Centre International de Formation en Arts du Spectacle), du 27 septembre au 1er octobre, à Bruxelles. Dans ce cadre, le duo américain des Yes Men, activistes du canular, a animé un atelier d’une semaine qui a débouché sur l’opération Refugreenergy. Le Vif/L’Express y a assisté.
Ce samedi 30 septembre, entre la Bourse et la Grand-Place, les passants ont ainsi pu voir un vélo qui « alimentait une batterie ». Le fait que cette batterie ressemblait à un boitier d’ordinateur n’a choqué personne. Vêtus de t-shirts portant le logo Refugreenergy des participants à l’atelier sont allés à la rencontre des badauds pour leur expliquer le concept. Ce qu’ils ont à dire tient sur une page A4 : « Excusez-moi monsieur/madame. Est-ce que vous connaissez les énergies renouvelables ? Vous savez que l’Europe est confrontée à une crise migratoire ? » Les volontaires déroulaient alors la description de Refugreenergy : le vélo, la batterie, 24 h de légalité pour les migrants contre la production d’énergie verte. Quand le salaire de 1,60 euro est annoncé, les yeux s’écarquillent, les sourires se crispent.
Après l’argumentaire, le moment de la révélation. Le plus indigné des passants, un noir, le seul à avoir verbalisé haut et fort des protestations, tombe dans les bras du prétendu CEO de Refugreenergy quand on lui apprend que c’est un canular. Les caméras sont présentes en force, pour recueillir de quoi confectionner une vidéo crédible. Tout est en place pour faire exister le canular dans les médias.
Comme toujours avec les Yes Men, il y a deux étapes. La première : annoncer le plus sérieusement du monde l’existence de Refugreenergy par voie de communiqué de presse et sur les réseaux sociaux. La deuxième : expliquer qu’il s’agit d’un canular destiné à faire réfléchir sur ce que nous sommes prêts à faire face aux problèmes de l’énergie verte et des réfugiés sans-papiers.
Benoit Vreux, directeur du CIFAS, explique l’objectif : « Nous voulons faire prendre conscience que nous sommes à un moment crucial à la fois sur la question de l’énergie et sur celle de la migration. Nous voulons affirmer que l’homme trouvera des solutions en employant son imagination. »
Chiche ?
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