Olivier Rogeau
Peraita : une bombe sous le siège de Mayeur
Yvan Mayeur, bourgmestre de Bruxelles à partir du 16 décembre, est mal pris dans l' »affaire Peraita ».
Chaud, très chaud, l’après-Thielemans ! La démission du bon Freddy, poussé vers la sortie par Laurette Onkelinx, présidente de la Fédération bruxelloise du PS, aurait dû, selon le plan concocté depuis des mois par les socialistes, se dérouler sans turbulences. Mais l’ « affaire Peraita », qui éclabousse depuis deux semaines Yvan Mayeur, actuel président du CPAS de Bruxelles-Ville et futur bourgmestre de la commune, change la donne. En cause : le manque de transparence dans la gestion du Samusocial, pointé par un rapport explosif de l’Inspection des Finances, et les avantages – salaire de top manager, logement du CPAS ayant bénéficié d’un subside régional pour « rénovation d’immeubles isolés » – dont bénéficie Pascale Peraita, la directrice de cette ASBL qui a pour vocation de venir en aide aux personnes en grande précarité.
Le rapport demandé par la Commission communautaire commune (Cocom), l’une des institutions qui subsidient le Samusocial, soulève plusieurs questions sur le manque de transparence des flux financiers entre l’ASBL et la CPAS de la Ville, une éventuelle double subsidiation entre la Cocom et le Fédéral, des libellés de factures flous, un déplacement pour 30 personnes à Alicante, en Espagne, en juin dernier… L’Inspection des Finances relève, en outre, que la directrice de cette ASBL touche un salaire brut annuel de 192 705,34 euros, dont 46 899,52 de charges patronales et 33 047,56 euros de primes de garde et horaires décalés. « Eu égard à la vocation du Samusocial, cette rémunération est choquante », a réagi Joëlle Milquet, le chef de groupe CDH au conseil de la Ville, renvoyée dans l’opposition suite aux dernières élections.
D’ici la fin du mois, le Samusocial doit justifier ses comptes. Mais déjà, on s’interroge sur les conditions dans lesquelles la directrice chargée des sans-abri bruxellois occupe un logement du CPAS. Yvan Mayeur prétend qu’il ne s’agit pas d’un logement social. Or, l’appartement est situé dans le complexe de la Savonnerie, un immeuble à vocation sociale, qui compte, selon nos sources, 35 logements inclus dans un contrat de quartier, et 10 autres logements subsidiés par la Région bruxelloise dans le cadre d’une « rénovation d’immeubles isolés ». L’appartement de Pascale Peraita fait partie de ces 10 logements-là, pour lesquels des conditions financières strictes doivent être respectées quant au revenu des locataires. Conditions non remplies par la directrice du Samusocial.
Un contrôle effectué sur place par l’administration régionale a conclu au non-respect des règles locatives pour un appartement du complexe occupé depuis septembre 2011. Le CPAS a admis les faits : Yvan Mayeur a accepté, en juillet dernier, de rembourser le subside obtenu pour cet appartement de trois chambres habité par un ménage de trois personnes gagnant trois fois plus que le montant maximum autorisé. L’appartement visé semble bien être celui qu’occupe Pascale Peraita et ses deux enfants. Malaise… D’autant que l’actuelle directrice du Samusocial est pressentie pour diriger le CPAS de la Ville, une fois Mayeur devenu bourgmestre et Thielemans recasé comme secrétaire général du Parc des Expositions de Bruxelles.
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