Gautier Calomne et Gilles Foret
« Osons le débat global sur la gestion dynamique de la vitesse »
En décembre dernier, le Ministre fédéral François Bellot a proposé d’intégrer dans son projet de réforme du Code de la route une disposition autorisant les automobilistes à circuler à 130 km/h sur certains tronçons autoroutiers, choisis par les gestionnaires régionaux des voiries. Aussitôt proposée, cette habilitation facultative a été retoquée au Nord comme au Sud du royaume par un » niet ! » catégorique.
Un projet déjà mort-né ? Peut-être pas, force est de l’espérer. L’audace réussit à celles et ceux qui savent profiter des occasions… A cet égard, nonobstant les partisans du statu quo, soulignons que la Belgique reste une figure d’exception dans le paysage européen en maintenant, peu importe les circonstances, une limitation de vitesse à 120 km/h sur ses voies rapides. Remis dans son contexte, le scénario de réforme procède d’une double logique : outre l’harmonisation de la législation belge avec celles d’autres pays européens (tels que la France, l’Autriche, les Pays-Bas, la Grèce, le Luxembourg ou encore l’Allemagne pour certains tracés), il ouvre surtout la porte à des modèles de gestion dynamique de la circulation, en fonction des circonstances rencontrées sur la route (conditions météorologiques, densité du trafic, risque accidentogène élevé, etc.).
En ce sens, ladite audace n’est pas celle du débat sur la vitesse en tant que telle mais bien sur notre capacité collective à repenser, sans tabou ni exclusive, une révolution intelligente de la mobilité. Face au formidable développement technologique des voiries connectées et durables (capteurs d’analyse du trafic, revêtements moins polluants, éclairages basse consommation, etc.), nous ne pouvons pas manquer cette opportunité de métamorphoser notre rapport aux autoroutes.
Indépendamment des différents niveaux de pouvoir, l’ensemble des pouvoirs publics s’est fixé des priorités en termes d’investissements collectifs et des objectifs « Smart city ». En ce sens, la transition d’une mobilité passéiste à une mobilité intelligente concourt directement à cette dynamique globale alliant plus de sécurité et moins de pollution.
Tout cela ne relève en rien de la science-fiction, des dispositifs existent déjà et sont éprouvés un peu partout en Europe, à l’instar des outils d’assistance intelligente de vitesse mis en place aux Pays-Bas, en Finlande ou encore en Grande-Bretagne. Soulignons que depuis l’adoption de cette gestion intelligente des vitesses chez nos partenaires, aucune détérioration de la situation n’a été observée, à l’inverse de la Belgique qui peine toujours à améliorer ses statistiques insatisfaisantes en matière de sécurité routière.
L’audace, ce serait sans doute aussi oser étendre le débat aux voiries de nos agglomérations. Fait-il sens de limiter la vitesse dans les tunnels bruxellois à 50 km/h en toutes circonstances ? Les heures de pointe sont-elles comparables aux périodes nocturnes, en période de pluie ou de canicule ? Les conservatismes ont déjà été dépassés avec les zones 30 intelligentes aux alentours des sites sensibles, en particulier les écoles. Osons prolonger le débat !
Ce plaidoyer n’est pas un substitut à la parole contradictoire des experts, il est encore moins l’aiguillon du laxisme ou d’une certaine bienveillance à l’égard des chauffards qui brillent par leur égoïsme et leur dangerosité ! Au contraire, il se fait le porteur d’un appel à la responsabilité collective et d’une nécessité de pragmatisme soutenu par les nouvelles technologies.
Le débat a été ouvert sur la vitesse des 130 km/h, profitons de l’occasion pour penser plus loin et, toujours, en toute sécurité !
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