Les allocations n’atteindront finalement pas le seuil de pauvreté
A moins d’un cadeau tombé du ciel, les allocations les plus basses n’atteindront finalement pas le seuil européen de pauvreté durant la législature, a indiqué dimanche la secrétaire d’Etat en charge de la politique de lutte contre la pauvreté, Zuhal Demir, dans l’émission De Zevende Dag sur la VRT.
Selon l’accord de gouvernement fédéral, l’équipe Michel s’était engagée en 2014 à porter « progressivement les prestations minimales de sécurité sociale et l’aide sociale au niveau du seuil de pauvreté européen ». Dimanche, Zuhal Demir a indiqué que les partenaires N-VA, MR, CD&V et Open Vld n’y parviendraient pas.
« J’ai prêté serment en février », a rappelé Zuhal Demir, qui a succédé dans cette fonction à Elke Sleurs. « Vu l’ampleur du trajet à effectuer pour atteindre le seuil de pauvreté européen, j’avais dit que je ferais de mon mieux. Mais soyons honnêtes et ne leur faisons pas miroiter l’impossible. En deux ans et demi, ce ne sera pas possible », a-t-elle dit.
La secrétaire d’Etat estime d’ailleurs que dans le passé, on a trop mis l’accent sur les allocations parmi les instruments permettant de lutter contre la pauvreté. « La priorité va au marché de l’emploi. Chez les travailleurs, le risque de pauvreté est circonscrit à 4 ou 5% », souligne la secrétaire d’Etat N-VA.
Selon elle, il faut dès lors mettre d’avantage l’accent sur l’activation. A côté de cela, s’ajoutent des mesures supplémentaires telles que celles permettant l’accompagnement des femmes en situation monoparentale.
Zuhal Demir montre le vrai visage de la coalition fédérale
En renonçant à son ambition de voir les allocations les plus basses dépasser sous cette législature le seuil de pauvreté, la secrétaire d’État à la Lutte contre la Pauvreté et à l’Égalité des chances, Zuhal Demir, « montre le vrai visage de la majorité fédérale, une coalition qui se désintéresse de la justice sociale et augmente les inégalités et la misère », a jugé dimanche Ecolo.
« Les milliards d’économie linéaire imposée par la majorité fédérale en matière de sécurité sociale depuis le début de la législature ont de lourdes conséquences. Le nombre de Belges en situation de risque de pauvreté ne fait qu’augmenter. Un enfant sur cinq est aujourd’hui dans le cas, avec des conséquences énormes sur son futur et celui de la société. N’importe quel gouvernement ferait de la lutte contre ce phénomène une vraie priorité. Mais pas la majorité fédérale, manifestement », a déploré le député Georges Gilkinet.
« Encore une promesse non tenue, sur le dos des plus faibles »
« Encore une promesse non tenue par le gouvernement Michel. Et, une fois encore, sur le dos des plus faibles », a réagi dimanche sur Twitter le chef de groupe PS à la Chambre Ahmed Laaouej après l’annonce par la secrétaire d’Etat Zuhal Demir que la revalorisation des allocations les plus basses ne permettra pas de dépasser le seuil européen de pauvreté, en dépit de l’engagement énoncé dans l’accord de gouvernement.
Pour le député Eric Massin, « l’annonce de Zuhal Démir est un mélange de cynisme et d’impuissance ». Il souligne qu’après avoir « imposé aux plus fragiles saut d’index, taxes sur l’électricité, coupes dans les soins de santé et précarisation du travail, le gouvernement Michel dit qu’il ne réparera pas ce qu’il a lui-même dégradé ».
Résorber les inégalités n’est pas « manifestement pas la priorité d’un gouvernement aveuglé par sa politique d’austérité et du ‘chacun pour soi’, estime-t-il. Pour le député socialiste, « une lutte plus efficace contre la fraude fiscale permettrait largement de financer la lutte contre la pauvreté ».