Le gouvernement met fin aux économies touchant la Défense
Le gouvernement a décidé de mettre fin au déclin du budget de la Défense, l’un des engagements contractés en 2014 par les pays de l’Otan – dont la Belgique, représentée par un Premier ministre démissionnaire, Elio Di Rupo – qui n’atteignent pas le seuil des 2% du Produit intérieur brut (PIB) consacrés aux dépenses militaires, ont indiqué samedi le ministre de la Défense, Steven Vandeput et une source gouvernementale.
« Simultanément avec la décision de prolonger la mission des F-16 (des avions de combat engagés depuis la Joardanie dans lutte contre le groupe djihadiste Etat islamique en Irak et en Syrie, que le Conseil des ministres a prise vendredi pour une durée de six mois) et son financement – estimé à 17,2 millions d’euros -, le gouvernement a décidé de fixer le budget de la Défense (au niveau) de celui de 2016 », a-t-il affirmé à l’agence Belga.
« Ce qui signifie par définition que l’on arrête les économies » auxquelles le ministère de la Défense devait faire face depuis des années et qui avaient été confirmées en début de législature en octobre 2014 – en dépit de l’engagement pris un mois plus tôt par les 28 membres de l’Otan de mettre fin à l’érosion des budgets militaires et de porter les dépenses de défense à 2% du PIB en dix ans -, a précisé M. Vandeput (N-VA) en marge d’une visite à un exercice de lutte contre les incendies de forêts et de landes organisé à Kalmthout, au nord d’Anvers, à deux pas de la frontière néerlandaise.
Le ministre a refusé de citer le moindre chiffre, ne confirmant pas le montant de 51 millions d’euros supplémentaires pour la Défense cité samedi matin par le journal ‘Het Nieuwsblad’.
Une source informée a toutefois indiqué à Belga que ces moyens supplémentaires accordés par le Conseil des ministres électronique de vendredi, trois semaines après la visite en Belgique du président américain Donald Trump, s’élevaient en réalité à 56 millions d’euros, obtenus de différentes manières, qui relèvent parfois de la technique budgétaire, afin d' »élargir le périmètre des dépenses de défense » acceptées comme telles par l’Alliance atlantique.
Ainsi 23,11 millions proviennent de la provision interdépartementale et serviront à l’augmentation attendue des salaires des militaires. Le Conseil des ministres a aussi accepté de suspendre, à hauteur de 22,8 millions, la sous-utilisation des crédits imposée à la Défense – alors que les autres départements y restent soumis, selon la même source.
Les quelque onze millions d’euros restants proviennent notamment de l’acceptation par la N-VA de consacrer six millions d’euros d' »argent frais » tenus en réserve pour appliquer des politiques nouvelles. Et les cinq autres millions sont fournis par la fin de la sous-utilisation des crédits pour un dossier particulier.
Au total, ce sont ainsi 33 millions d’euros d' »argent frais » qui seront affectés à la Défense, a calculé cette source.
M. Vandeput a laissé entendre au ‘Nieuwsblad’ – dans une interview recueillie jeudi, à la veille de la décision du Conseil des ministres – que ce ballon d’oxygène ne suffirait pas, réclamant davantage de moyens pour son département.
Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, avait appelé le 26 mai, au lendemain d’un « mini-sommet » des chefs d’Etat et de gouvernement des 28 pays alliés, la Belgique à accroître ses dépenses militaires, conformément à l’engagement pris voici trois ans par tous les pays alliés de consacrer 2% de leur PIB à la défense d’ici 2014.
Seuls cinq pays ont atteint ce seuil en 2016: les Etats-Unis, qui en tant que puissance mondiale caracolent en tête du classement, l’Estonie, la Grèce, la Pologne et le Royaume-uni. La Roumanie devrait suivre cette année et la Lettonie l’an prochain.
Avec la « vision stratégique » approuvée en juin dernier, le gouvernement a fixé comme objectif une trajectoire pour s’orienter vers 1,3% du PIB à l’horizon 2030 et pour revenir ainsi dans la moyenne des pays européens nucléaires (France et Royaume-Uni, jusqu’à la concrétisation du Brexit) et non nucléaires.