La N-VA veut un Unia flamand: « Le problème, ce sont les francophones »
Deux administrateurs étiquetés N-VA d’Unia plaident en faveur d’une institution flamande. Selon eux, ce sont surtout les francophones qui posent des problèmes au sein du centre interfédéral pour l’égalité des chances.
Le conseil d’administration d’Unia est composé de représentants des niveaux de pouvoir fédéral et fédérés. Par le biais du parlement flamand, la N-VA dispose de deux administrateurs effectifs, Matthias Storme et Hedsig Verbeke, et deux suppléants, Boudewijn Bouckaert et Inge Moyson.
Selon « De Standaard », ils partagent les vives critiques émises depuis quelques jours par la nouvelle secrétaire d’État à l’Égalité des chances, Zuhal Demir, et la ministre flamande de l’Intégration, Liesbeth Homans.
A croire M. Bouckaert, il est difficile de changer les choses à l’intérieur de l’institution. « Unia ne s’est toujours pas transformé en un centre objectif et indépendant. Aujourd’hui, l’antisémitisme est traité différemment de l’islamophobie, et on ne peut l’accepter », affirme-t-il.
L’administrateur invoque un courriel interne d’un collaborateur qualifiant de « radotage » la condamnation d’un homme pour des chants antisémites entonnés lors d’une manifestation. L’administrateur s’en prend aux francophones, sources des problèmes à ses yeux.
Les nationalistes flamands voient d’un bon oeil la constitution d’un centre flamand « où un musulman est égal à un juif et met l’accent sur l’émancipation plutôt que de rechercher du racisme ».
D’après M. Storme, juriste chercheur à la KUL, la structure interfédérale du centre n’est pas adéquate. « Nous devons nous demander si c’est le bon choix », a-t-il expliqué, en faisant référence à des travaux de son université recommandant des institutions séparées.
Le PS taxe la N-VA de racolage
La députée Karine Lalieux (PS) appelle la nouvelle secrétaire d’État à l’Égalité des chances, Zuhal Demir, à faire preuve de respect à l’égard des institutions dont elle a la charge. A ses yeux, les déclarations successives de personnalités de la N-VA à l’égard d’Unia témoignent d’une volonté de « racolage ».
« Depuis sa création, le Centre pour l’égalité des chances – et à sa suite Unia – a toujours démontré la qualité de son travail et sa non-discrimination à l’égard de tout type de discrimination. Chaque fois qu’il sort, la pertinence de son rapport est mise en avant », a souligné la députée.
Mme Lalieux attend d’un nouveau ministre qu’il fasse d’abord le tour des institutions qui sont sous sa responsabilité avant de les critiquer. « La N-VA espère peut-être retrouver des électeurs qu’elle aurait perdus. Dans tous les cas, c’est du racolage. Il y a aujourd’hui dans la société des divisions que la N-VA cherche à creuser encore », a affirmé la députée.
Les socialistes s’en prennent aussi aux libéraux francophones et au Premier ministre, accusés d’observer un « silence coupable ». « Jusqu’à présent, il n’y a jamais eu de rappel à l’ordre de ministres N-VA dont les déclarations jettent le discrédit sur des personnes ou des institutions », regrette-t-elle.
L’un des administrateurs N-VA d’Unia accuse les francophones d’empêcher un fonctionnement de l’institution comme les nationalistes flamands l’entendraient. « C’est un refrain que l’on connaît et qui devient lassant: c’est toujours la faute des francophones. Ce qui est sûr, c’est que dans ce gouvernement, il n’y a plus de francophones depuis longtemps ».
Régionaliser n’a pas de sens, selon le MR
Le MR se dit satisfait du modèle interfédéral d’Unia et juge qu’une régionalisation de l’institution n’a aucun sens, a-t-on indiqué au parti à la suite des déclarations de plusieurs personnalités de la N-VA.
Deux administrateurs N-VA d’Unia, Boudewijn Bouckaert et Matthias Storme, ont plaidé pour la création d’une institution flamande au lieu d’un centre interfédéral rassemblant les niveaux de pouvoir fédéral et fédérés. Aux yeux des nationalistes flamands, les francophones empêchent Unia de fonctionner comme il le devrait.
« Nous sommes satisfaits du modèle interfédéral actuel. Régionaliser Unia ou les droits de l’homme n’a pas de sens », a indiqué le porte-parole des libéraux francophones. Le MR souligne toutefois qu' »il est sain dans une société démocratique que chacun puisse exprimer son point de vue ». « Unia est un acteur important de la société civile dont les recommandations sont toujours dignes d’intérêt. Toutefois, les partis politiques ont aussi le droit d’être en désaccord avec certaines prises de position », ajoute le parti du Premier ministre.
Le MR insiste aussi sur l’importance de l’indépendance et des missions d’Unia. « Nous respectons l’indépendance d’Unia et l’importance de ses missions. A nos yeux, il est essentiel que chaque discrimination ou chaque fait de racisme ou d’antisémitisme soit combattu de la même manière ».