La carte qui montre l’inégalité des Belges face à la mort
La mortalité est 19% plus élevée en Wallonie que dans le reste du pays. D’une commune à l’autre, à population égale, elle peut presque passer du simple au double. La nouvelle carte publiée ce mercredi par l’Iweps confirme une évidence : il faut une politique de santé différenciée.
Ce qui frappe au premier regard, c’est ce pays coupé en deux. Au nord de la frontière linguistique, des nuances essentiellement bleu clair, qui se prolongent en partie dans une Région de Bruxelles-Capitale elle aussi fracturée. Au sud, hormis dans le Brabant wallon, les tons sont beaucoup plus sombres. Plus la couleur est foncée, plus le risque de décès est grand : le Wallon est donc, en moyenne, bien plus menacé que le Flamand et le Bruxellois. Mais le taux de mortalité est encore plus important par endroit : dans le Hainaut, au sud de la province de Namur et dans quelques communes éparses, autour de Liège ou en province de Luxembourg.
Ces disparités émanent d’une nouvelle fiche de l’Intitut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps), publiée ce mercredi. Le Vif/L’Express a pu consulter, en primeur, la cartographie inédite du « taux de mortalité standardisé » selon l’âge et le sexe, commune par commune. A la différence d’un taux brut, cet indicateur a l’avantage de neutraliser les spécificités de chaque commune en matière de structure de la population, en rapportant le nombre de décès sur 100 000 habitants à une pyramide des âges standard. Il permet donc de comparer la mortalité sur une base équivalente, que l’on vive dans la plus jeune commune de Bruxelles, Saint-Josse-ten-Noode (34,2 ans en moyenne), ou dans une ville comme Tournai (42,9 ans).
Une relation linéaire entre revenus et espérance de vie
Pour obtenir un échantillon significatif au niveau local, l’Iweps a répertorié les décès par tranche d’âge sur une période de dix ans, entre 2005 et 2014. Si le taux de mortalité ne cesse de diminuer, les écarts entre les trois régions restent stables. Sans surprise, ce taux reste plus élevé chez les hommes que chez les femmes, quelle que soit la tranche d’âge. La surmortalité en Wallonie se creuse singulièrement dès les 10-24 ans pour les hommes, et dès 25-44 ans pour les femmes. L’explication est avant tout socioéconomique : il existe une relation linéaire entre le revenu médian par commune et l’espérance de vie, selon les experts. Mais les disparités entre les régions seraient aussi liées à des « éléments de culture », comme le souligne une étude menée en 2006 par la VUB, l’ISP et l’UCL.
De son côté, la Wallonie mise, pour 2019, sur un nouveau cadre de prévention et de promotion de la santé. L’un de ses objectifs transversaux vise précisément à réduire les inégalités constatées via des actions différenciées selon les besoins locaux.
Retrouvez l’article complet dans Le Vif/L’Express de ce jeudi, avec :
– La répartition interpellante des causes de mortalité
– Pourquoi la politique fédérale de la Santé est favorable à la Flandre
– Quels remèdes ?
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