Francken veut expulser chaque mois des « criminels » illégaux par charter
Selon une information relayée par le quotidien het Laatste Nieuws, le Secretaire d’État Theo Francken (N-VA) affrète chaque mois un charter pour expulser les criminels et délinquants illégaux. D’après le journal, deux de ces vols ont déjà eu lieu, le premier à destination de Kinshasa au Congo et le deuxième vers Tirana en Albanie.
Interrogé par Het Laatste Nieuws, Francken explique son initiative : « Je souhaite augmenter le nombre de charters d’environ un par trimestre à un par mois. Les six vols suivants pour les premiers mois de 2015 sont déjà fixés« . Le nationaliste flamand estime qu’affréter des vols spéciaux est plus efficace et meilleur marché que de transporter les illégaux un par un par les vols commerciaux réguliers. « Et si nous ouvrons les vols à nos partenaires européens, le Fonds pour le retour de l’UE nous remboursera 75% des coûts ».
Selon les chiffres de Francken, 13.085 illégaux sont sortis de prison en 2013 dont environ 7.000 ont reçu un ordre de quitter le territoire et seulement 688 ont fait l’objet d’une mesure d’éloignement. « Il faut augmenter ce nombre. Il s’agit des gens qui nuisent, pas des braves Scott Manyo » déclare Francken, citant un jeune Camerounais menacé d’expulsion en 2012. « Ceux qui se comportent mal doivent être expulsés en premier« . Francken réalise que ces douze vols par an ne suffiront pas à rapatrier toutes les personnes sommées de quitter le territoire. « Cependant, les vols exercent également un effet dissuasif dans les pays d’origine. En outre, cette capacité s’ajoute aux expulsions par les vols commerciaux. D’ailleurs je souhaite encore augmenter ce nombre en créant 100 places supplémentaires dans les centres fermés en 2015. Par place, on refoule environ 8 personnes par mois, ce qui donne environ 1.000 expulsions de plus par an« .
Près de 400 personnes se rassemblent en réaction aux propos de Theo Francken
Dans ce contexte, près de 400 personnes se sont rassemblées sur le temps de midi jeudi, devant le Palais de Justice de Bruxelles à l’appel du collectif « Together for dignity », selon une estimation de la police. Ces militants souhaitaient de la sorte protester contre une publication sur Facebook, datant de 2011, du secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, dans laquelle celui-ci émettait des doutes sur la valeur ajoutée des Marocains, des Congolais et des Algériens de Belgique.
Le rassemblement s’est fait sur fond de musiques issues des communautés mises en cause par l’homme politique. L’acteur bruxellois d’origine marocaine Mourade Zeguendi, révélé par le film « Les Barons », a parrainé l’événement. Il avait appelé fin octobre « les petits cons de Marocains », selon l’expression employée dans sa correspondance par Theo Francken, à poster une vidéo pour réclamer la démission du secrétaire d’Etat. « Ce mec est censé représenter le peuple et parler pour nous. Si on banalise la parole raciste de la part de représentants du gouvernement, alors c’est le début de la fin. Moi, Mourade Zeguendi, je demande à Theo Francken de démissionner.«
Hélène Madinda, à l’initiative du collectif, né en opposition aux propos de Francken, entend poser celui-ci en rempart contre la propagation de l’incitation à la xénophobie : « On est là pour sensibiliser la population belge par rapport à la peur de l’étranger qu’on veut lui insuffler« . Zoubida Jellab, l’élue Ecolo à l’initiative de la plainte devenue collective pour demander une adaptation de la loi Moureaux contre le racisme et la xénophobie, a également été mobilisée par le collectif. « Il n’est ni le ministre en charge de la sécurité, ni le ministre de la Justice, mais on voit bien que la volonté de ce gouvernement est de créer des liens entre immigrés, demandeurs d’asile et insécurité« , a pour sa part estimé le député fédéral PS, Emir Kir. « C’est vraiment une politique sécuritaire qu’il y a derrière. En matière de coupes budgétaires, c’est indigne. La première coupe budgétaire de ce gouvernement, c’est de supprimer 2.000 places d’accueil pour les demandeurs d’asile, alors que des pays comme la Syrie, l’Irak ou le Pakistan vivent aujourd’hui une détresse humaine inouïe« , a-t-il ajouté.
Avec Belga
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