« Faire porter le chapeau à une personne, c’est un peu court »
« Faire porter le chapeau à une seule personne, c’est un peu court comme raisonnement », indique dimanche le politologue Pierre Vercauteren (UCL) à propos de la situation que vit la commune bruxelloise de Molenbeek.
La commune bruxelloise de Molenbeek est sous le feu de projecteurs depuis samedi après que des perquisitions et des arrestations en lien avec les attentats perpétrés à Paris vendredi y ont été menées. Sur les réseaux sociaux, la gestion de l’ancien bourgmestre de la commune Philippe Moureaux (PS) est régulièrement mise en cause.
« Pendant 20 ans, il y a eu une chape de plomb pour ne pas gêner M. Moureaux », a également lancé le député MR Alain Destexhe sur RTL-TVi.
« Faire porter le chapeau à une seule personne, c’est un peu court comme raisonnement », estime le politologue Pierre Vercauteren, qui rappelle, par ailleurs, qu’une nouvelle majorité emmenée par l’actuelle bourgmestre François Schepmans (MR) dirige la commune depuis trois ans. « De plus, la situation à Molenbeek est très complexe », fait-il valoir.
Le politologue relève également l’importance d’un travail précis quartier par quartier. « Ce qui peut fonctionner à un endroit ne fonctionnera pas dans un autre », note-t-il, appelant à bien faire la balance entre prévention et répression. « A New York, ville qui trainait une mauvaise réputation en matière d’insécurité, le système de la tolérance zéro a fonctionné. Cela a été un facteur de stabilisation et de sécurisation. Mais rien n’indique que cette politique fonctionne ailleurs. »
Le Pr Vercauteren ajoute également que la menace terroriste a évolué. « Nous sommes face à un gène mutant. Nous devons affronter un terrorisme islamiste nouveau, bien différent de celui pratiqué par Al-Qaïda au début des années 2000. »
A propos de l’engagement pris samedi par le ministre de l’Intérieur Jan Jambon de « nettoyer Molenbeek », Pierre Vercauteren y voit à la fois une « posture » et une « détermination ». « Mais attention à ne pas susciter trop d’espoirs », prévient-il.
Selon lui, même si le débat sur les responsabilités reviendra tôt ou tard sur le devant de la scène, l’heure est plutôt à l’action et à la projection vers l’avenir.