Elio Di Rupo démissionne de la tête du PS
L’ex-Premier ministre Elio Di Rupo a décidé de remettre son mandat de président du PS entre les mains des militants, auxquels il redemande la confiance, est-il ressorti samedi d’un bureau du Parti socialiste.
L’élection au suffrage universel direct des membres aura lieu les 21 et 22 novembre prochains, a indiqué le PS dans un communiqué. Le mandat de M. Di Rupo (63 ans) à la tête du PS, renouvelé en mai 2011 avec 96,7% des voix, devait être remis en jeu en mai 2015. L’élection sera donc anticipée, a-t-on appris samedi, peu après que le président de la N-VA Bart De Wever eut lui-même annoncé briguer un nouveau mandat à la tête de son parti, avec un premier tour prévu à la mi-novembre.
Le Bureau du PS a estimé « fondamental que le PS soit pleinement en ordre de marche pour relever les défis liés à la situation politique actuelle, en particulier au niveau fédéral ». Aux yeux de l’instance dirigeante du parti, « les circonstances politiques requièrent que le président du PS reçoive des militants un nouveau mandat ».
Les candidatures sont attendues dans les quinze jours. A l’issue des élections du 25 mai dernier, M. Di Rupo avait jugé que sa coalition était sortie renforcée du scrutin, avec trois sièges en plus et une majorité dans chaque groupe linguistique. Ce n’était pas le cas sous son gouvernement, où les partis flamands (CD&V, sp.a et Open Vld) étaient minoritaires à la Chambre dans leur groupe linguistique. C’est pourtant une coalition sans le PS qui a émergé de la mission royale des co-formateurs Kris Peeters (CD&V) et Charles Michel (MR). Ce dernier est devenu samedi matin le nouveau Premier ministre de plein exercice d’un gouvernement où son parti – seule formation francophone de l’exécutif fédéral – est largement minoritaire dans le groupe francophone à la Chambre.
Le PS a en outre relancé l’offensive contre un gouvernement N-VA, MR, CD&V et Open Vld qu’il qualifie de « MR-NVA ». Cet exécutif « attaque la classe moyenne » et entretient le « brouillard budgétaire » en ne présentant pas les détails de son accord, estime-t-on au boulevard de l’Empereur. Le nouveau gouvernement modifie aussi à la baisse le calcul de la pension et opère un saut d’index, « véritable impôt caché sur le travail, qui coûtera 400 euros par an à un salaire moyen », aux yeux du PS. Le MR est particulièrement visé.
Le nouveau ministre des Pensions, Daniel Bacquelaine, « disait dimanche que son parti ne proposait pas de toucher à l’âge légal », note le PS. Le programme du MR ne prévoit en effet pas ce relèvement annoncé, mais bien l’accord du gouvernement de Charles Michel. Ce dernier « disait avant les élections: ‘c’est très clair, nous ne souhaitons pas toucher à l’indexation' », a encore dénoncé le PS, pour qui les premières mesures gouvernementales sont « encore plus à droite que le programme électoral du MR » et « basées sur la tromperie ».
« Il fallait demander l’avis des militants, mais je suis bien entendu candidat » L’ex-Premier ministre socialiste Elio Di Rupo est candidat à sa propre succession, a-t-il confirmé samedi après-midi en marge des 100 ans du socialisme à Waremme. « Après les éléments qui se sont produits, il fallait demander aux militants leur avis. Mais je suis bien entendu candidat à ma propre succession », a-t-il souligné.
Les mandataires socialistes waremmiens ont profité de l’événement pour réaffirmer leur confiance en leur président sortant. « Elio Di Rupo est notre président aujourd’hui et j’espère encore pour les années à venir », a remarqué le député provincial Robert Meureau. « Notre attachement à votre action est plus fort que jamais. Nous vous réaffirmons notre confiance », a pour sa part insisté l’actuel bourgmestre waremmien, Jacques Chabot. L’ancien ministre et bourgmestre Guy Coëme a quant à lui paraphrasé sa déclaration de l’après condamnation Dassault (« je reviendrai », NDLR) pour lui aussi se dire confiant en l’avenir du parti et de son président. « Ensemble, Elio, nous reviendrons », a-t-il clamé, sous les ovations.
Elio Di Rupo s’est dit heureux d’être présent à Waremme pour fêter le centenaire. « Ca fait plaisir d’être en famille. Ce matin, j’ai dû accueillir d’autres et ce n’était pas le même genre », a-t-il grimacé, égratignant une nouvelle fois « le nouveau gouvernement MR-N-VA ». « Nous n’aurions jamais imaginé nous retrouver dans une telle situation. Ca fait froid dans le dos. Cela dépasse tout ce qui est imaginable. Mais nous récupérerons des majorités ailleurs que là où nous les avons aujourd’hui. Nous ne les laisserons pas faire », a-t-il conclu.