Didier Reynders appelle les Français à ne pas voter FN
Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a, depuis Varsovie, clairement appelé mardi les électeurs français à ne pas voter pour la candidate d’extrême droite Marine Le Pen lors de la prochaine élection présidentielle, ni en général pour aucun parti de cette mouvance.
« Je ne pense pas que nous allons être confrontés à cette situation (une victoire de la présidente du Front national, FN, à l’issue des deux tours de scrutin, le 23 avril et le 7 mai) », a-t-il affirmé en réponse à une question lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue polonais, Witold Waszczykowski, au cours d’une brève visite en Pologne.
« On n’a pas l’habitude de participer aux débats (électoraux) dans les pays voisins. Mais je peux vous dire que concernant la France, il y a beaucoup de Français en Belgique, ce qui est évident c’est que le message qu’on leur fait passer, c’est de ne pas soutenir un parti d’extrême droite. Ca c’est un message que l’on a aucun problème à faire passer, quel que soit le pays dans lequel on se trouve », a ajouté le chef de la diplomatie belge.
M. Reynders s’est dit optimiste sur « la possibilité de travailler avec des autorités françaises dans les prochains mois et les prochaines années sans être confrontés à cette situation (l’élection de Mme Le Pen) et de devoir discuter avec une présidente d’extrême droite à la tête d’un pays voisin ».
M. Waszczykowski, qui a rencontré en janvier à Paris plusieurs candidats à la présidentielle française, dont la présidente du FN, a pour sa part affirmé qu’il ne partageait pas l’approche de Mme Le Pen. Il a constaté « lorsqu’il entendait sa recette pour la situation en Europe » que cette candidate « bien clairement ne vous convenait pas ».
La présidente du FN a provoqué la semaine dernière une tempête politique en Pologne en déclarant partager de « grandes idées » sur l’Europe avec les dirigeants polonais, issus du parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski.
Lors d’une récente rencontre avec des médias européens à Paris, Mme Le Pen avait parlé des alliés de son parti, en Italie, en Autriche ou aux Pays-Bas, attachés à la « reprise de souveraineté », en y incluant « tous ceux qui autour de Theresa May pensent la même chose ».
« C’est aussi le cas des critiques qui sont formulées par la Pologne à l’égard de l’UE qu’elle accuse à juste titre d’ingérence politique », et du Premier ministre hongrois Viktor Orban « dont le rejet de cette volonté d’ingérence » de l’UE est « extrêmement clair », avait ajouté l’eurodéputée.
« Si demain je suis président de la République française, je pense que, oui, je peux avoir un débat avec M. Orban sur ce qui nous apparaît inadmissible, insupportable dans la manière dont l’UE agit aujourd’hui. Pareil pour M. Kaczynski », a encore dit Mme Le Pen, tout en reconnaissant qu' »on ne sera pas d’accord sur tout, très certainement ».
Devant les réactions de l’opposition et de médias polonais dont certains soupçonnent M. Kaczynski de vouloir sortir le pays de l’UE, le chef du PiS avait rapidement convoqué les médias.
Interrogé sur un « Polexit », il a dit que « ce scénario n’existe pas », et les auteurs de suggestions en ce sens « mentent, manipulent et induisent l’opinion en erreur ».
« Nous avons autant de commun avec Mme Le Pen qu’avec Vladimir Poutine », a-t-il ajouté, alors que le président russe est souvent perçu en Pologne, surtout depuis l’annexion de l’Ukraine, comme un dirigeant menaçant la sécurité du pays.