De Kesel, archevêque du changement ?
Selon une information publiée par le site de La Libre Belgique, Mgr Jozef De Kesel, 26e évêque de Bruges, devrait être présenté vendredi comme le nouvel archevêque de Malines-Bruxelles.
Si l’information se confirme, Rome aurai choisi un prélat de consensus. La coutume qui veut qu’un archevêque néerlandophone succède à un francophone serait respectée. Ces derniers mois, De Kesel, né le 1er juin 1947 à Gand, ordonné prêtre en 1972, professeur de religion à Eeklo de 1974 à 1980, auteur d’une thèse de doctorat consacrée au Jésus historique dans la théologie de Rudolf Bultmann, était considéré par les cercles catholiques et les médias comme l’un des deux ou trois favoris pour succéder à Mgr Léonard, atteint par la limite d’âge. Très apprécié par le clergé et les fidèles au cours de ses huit années d’évêque auxiliaire de Bruxelles (entre 2002 et 2010), il était proche de l’ex-archevêque Mgr Danneels, qui lui faisait une totale confiance. « Farouchement attaché » à la Bruxelles multiculturelle, De Kesel avait le soutien des francophones, des néerlandophones et des communautés étrangères. Il avait mal vécu son brusque « transfert » à Bruges, n’hésitant pas à laisser entendre qu' »il y a des limites à la souplesse. »
Muté dans la Venise du Nord en juin 2010, Mgr De Kesel y a hérité, il est vrai, d’une situation délicate : son prédécesseur était l’évêque Roger Vangheluwe, qui avait démissionné à la suite de son implication dans une affaire d’abus sexuels sur la personne de son neveu mineur. Peu présent dans les médias, Mgr De Kesel a été épinglé, fin 2014, pour sa réaction tardive et son manque de fermeté dans des affaires de prêtres déviants réhabilités. Et il est resté « sans voix », en juin de la même année, suite à l’enquête judiciaire consacrée au diacre de Wevelgem, accusé d’euthanasie sur une dizaine de patients de l’hôpital de Menin. Ses propos mesurés font rarement des vagues. Rien de commun avec son prédécesseur à l’archiépiscopat, Mgr Léonard, dont les déclarations sur les questions de société ont si souvent suscité la polémique. Mgr De Kesel ne se retrouve pas en terres inconnues dans le diocèse de Malines-Bruxelles : non seulement il a été évêque auxiliaire pour le vicariat de Bruxelles, mais il a aussi été, brièvement (en 2010), évêque auxiliaire pour le vicariat du Brabant flamand et de Malines.
De Kesel et le célibat des prêtres
Homme d’ouverture, Jozef De Kesel a remis plus d’une fois en cause le caractère obligatoire du célibat des prêtres et fait ainsi figure de réformiste modéré. Dès septembre 2010, il estimait que « les personnes pour lesquelles le célibat est humainement impossible à respecter devraient aussi avoir la chance de devenir prêtre. » Cet avis a été appuyé quelques jours plus tard par deux autres évêques flamands, Mgr Bonny (Anvers) et Mgr Hoogmartens (Hasselt). Est-ce à dire que l’arrivée de De Kesel à l’archiépiscopat sonne l’heure de l’ouverture pour l’Eglise, après le raidissement des années Léonard, prélat qui s’est fait le chantre de la tradition la plus stricte ? Considéré comme le « chef » de l’Eglise catholique de Belgique, l’archevêque n’est qu’un « primus inter pares » (premier parmi les pairs) au sein de l’épiscopat belge. Il ne s’exprime pas au nom de toute l’Eglise. Certes, il assume la tâche de présider la conférence épiscopale, mais il n’a pas de pouvoir sur les autres évêques, autonomes dans leurs diocèses. Le « changement », s’il intervient, se fera à dose homéopathique, et pas seulement par le sommet de l’Eglise.
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