Crime organisé : voici les vrais chiffres
Les organisations criminelles se portent bien en Belgique. C’est ce que révèle un document confidentiel que Le Vif/L’Express a reçu par un vent favorable. Risques majeurs : la traite des êtres humains et la cybercriminalité, sans oublier les cambriolages et le trafic de drogues.
Elaborée par la police fédérale, l’Image policière nationale de sécurité (IPNS) 2011 est la matrice du fameux Plan national de sécurité 2012-2015, présenté le 18 avril dernier à la Chambre. De l’IPNS, dépend donc le choix des priorités policières du gouvernement. Dans cette analyse de risques réalisée par une cinquantaine d’experts judiciaires et civils, les longs chapitres consacrés à la criminalité organisée recèlent les éléments les plus préoccupants pour la sécurité des citoyens. Les phénomènes criminels sont classés en fonction de leur gravité et de leur impact sur la société. Les groupes d’auteurs y apparaissent en fonction de leur origine. Il ne s’agit pas de stigmatiser telle ou telle communauté ethnique mais toute autre typologie s’avère impraticable.
L’Image policière nationale de sécurité 2011 hiérarchise ainsi les phénomènes de criminalité organisée les plus inquiétants :
1. L’exploitation sexuelle : sur les 23 000 prostituées que compte la Belgique, 80 % sont victimes d’exploitation et 10 % d’exploitations graves, c’est-à-dire de violences sexuelles et/ou physiques. Le chiffre d’affaire de cette exploitation sexuelle est estimé à 1,9 milliards d’euros par an.
2. L’exploitation économique : en 2009 (derniers chiffres disponibles), 2 963 travailleurs illégaux étrangers ont été recensés lors des contrôles de services d’inspection sociale. En réalité, il y aurait au moins 21 000 travailleurs illégaux en Belgique. Les secteurs les plus touchés : horeca, nettoyage, transport.
3. La traite des êtres humains : près de 30 000 personnes ont été interceptées en 2009. Le phénomène est en constante évolution. L’IPNS souligne le nombre élevé d’organisations criminelles en la matière, d’origine surtout chinoise, indienne, afghane ou belgo-hollandaise.
4. La criminalité informatique : le nombre de faits enregistrés par la police augmente de 28 % chaque année. En 2010, plus de la moitié des internautes ont été confrontés à une infection propagée par un malware. Le préjudice financier de cette criminalité perpétrée surtout par des organisations chinoises et d’Europe de l’Est en Belgique serait d’un milliard d’euros. De plus en plus, Internet offre de nouvelles opportunités aux organisations criminelles, notamment pour écouler des biens illégaux ou pour recruter des hommes de main.
5. Le trafic de cocaïne : avec 13 tonnes de marchandises et un chiffre d’affaire de 430 millions d’euros, la Belgique est l’un des principaux importateurs de cocaïne en Europe.
6. Les cambriolages : 90 000 faits recensés par an, ce qui correspondrait à 40 % de la réalité (22 000 faits commis par des groupes nomades).
7. Le trafic de drogues synthétiques : les organisations belgo-néerlandaises sont très performantes en matière de drogues synthétiques : la Belgique écoulerait chaque année sur le marché mondial 22 tonnes d’amphétamines et 18 tonnes d’ecstasy sous forme de produits finis. Une production qui dépasse largement la consommation locale.
200 organisations criminelles ont été recensées en 2009 dans les enquêtes policières. Plus de deux tiers développent des contre-stratégies, comme l’utilisation d’une structure commerciale ou l’emploi de la violence, pour mener à bien leurs activités criminelles.
Thierry Denoël et Marie-Cécile Royen
Le portrait-robot de ces mafias en Belgique, dans Le Vif/L’Express de cette semaine.
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