Conflit gelé entre Nethys et Bernard Tapie
Bernard Tapie est attendu ce mercredi 24 janvier devant le tribunal de commerce de Bruxelles. Deux semaines avant, il avait snobé un rendez-vous judiciaire pour faire la paix avec Stéphane Moreau, à Paris.
Bernard Tapie sera-t-il à Bruxelles ce mercredi 24 janvier? Le tribunal de commerce de Bruxelles doit se pencher sur sa demande de réorganisation judiciaire de ses deux sociétés belges: GBT Holding, la structure faîtière de son groupe, et Aircaft Management Services (AMS), créée jadis pour exploiter un jet Bombardier acheté 17 millions d’euros mais revendu depuis. L’Etat français, qui tient à récupérer l’argent de l’arbitrage truqué de l’affaire Adidas (470 millions d’euros avec les intérêts), s’y intéresse aussi via les sociétés de droit français CDR- Consortium de réalisation et CDR créance qui ont introduit une requête en intervention volontaire dans le cadre de la demande de déclaration de faillite des sociétés de Bernard Tapie par le parquet de Bruxelles.
L’ancien ministre était attendu au tribunal de commerce, le 8 janvier dernier, mais il avait séché l’audience, arguant d’une intervention chirurgicale prévue le lendemain. Le CDR avait accusé Bernard Tapie d' »instrumentaliser » sa maladie. L’intéressé n’avait pas manqué de relever ce manque de compassion à l’égard d’un homme malade…
Comme Le Vif/L’Express l’a révélé dans son édition « papier » du 18 janvier dernier, à l’heure où Bernard Tapie était attendu à Bruxelles, il participait à un conseil d’administration de La Provence, à Paris. A Paris et non à Marseille, comme d’usage pour ce groupe de presse dont il est actionnaire majoritaire depuis 2013 et qui est basé dans le sud-est de la France. Outre Bernard Tapie et le PDG Jean-Christophe Serfati, étaient aussi présents les deux représentants de la SA L’Avenir Développement (Nethys), actionnaire à 11% de La Provence depuis 2015: Marc Beyens et Stéphane Moreau, venu en remplacement de Philippe Delaunois, démissionnaire depuis la fin de l’année dernière.
Les relations de Nethys et de Bernard Tapie étaient très tendues depuis le printemps dernier. En cause: le prix réclamé par Bernard Tapie pour les parts supplémentaires permettant à Nethys de s’installer à 34% du capital de La Provence. Selon nos informations, les deux hommes ont décidé de « geler » pendant deux ans leur différend sur la valorisation du groupe.
Même si rien n’est véritablement réglé entre les deux sociétés, l’accord de Paris montre que Nethys n’a nullement l’intention de respecter les recommandations de la commission d’enquête du parlement wallon qui, en juillet dernier, lui demandait d' »envisager de céder à des tiers certaines participations, liées notamment à des activités situées à l’extérieur du pays ». Les députés visaient notamment les investissements dans la presse française et un projet de centrale hydroélectrique au Congo. Nethys a entre-temps augmenté sa participation dans le groupe Nice-Matin (34%), dont les salariés-actionnaires, lors du sauvetage du groupe, avaient été épaulés financièrement par le même Bernard Tapie. De quoi s’interroger sur la nature des liaisons liégeoises avec un homme d’affaires déchu, définitivement condamné par la justice de son pays.
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