Charles Michel: « Tolérance zéro contre l’antisémitisme »
Un an après l’attentat contre le Musée juif de Belgique, à Bruxelles, le Premier ministre annonce des moyens supplémentaires pour sécuriser les lieux de vie juifs. Il insiste pour que la justice applique une tolérance zéro aux actes antisémites.
Le Vif/L’Express: Votre gouvernement a-t-il décidé de poser des gestes forts pour rassurer la communauté juive?
Charles Michel: On ne peut pas tolérer la moindre impunité face aux actes antisémites. Ces faits doivent être poursuivis avec la plus grande sévérité et faire l’objet d’une tolérance zéro. On a décidé de maintenir les moyens militaires devant les institutions juives, qui sont des cibles potentielles. Je me suis assuré que cette protection serait durable, même si je sais que le risque zéro n’existe pas. Dans le cadre du contrôle budgétaire et, en accord avec le ministre de l’Intérieur, je peux vous dire que nous allons libérer des moyens qui seront affectés à la sécurisation de certains bâtiments, en termes de vidéosurveillance, de sas de protection, etc. Mon message est simple: il faut permettre à chacun de vivre là où il espère pouvoir vivre. Le sentiment d’insécurité que ressentent les membres d’une communauté ne peuvent pas être une bonne raison pour s’en aller. Comme Premier ministre, je ne peux pas l’accepter. Je suis là pour protéger l’ensemble des citoyens.
La communauté musulmane peut se sentir mal à l’aise face à ce dispositif qui ne la vise pas, elle, en particulier, mais des éléments radicalisés…
Comme président du MR, j’ai pris des positions sur l’analyse des raisons pour lesquelles nous avions des difficultés à ce sujet-là. Mais, en tant que Premier ministre, c’est l’avenir qui m’intéresse. Je veux que l’on se retrouve sur quelques valeurs fondamentales intangibles, dont la liberté de croire ou de ne pas croire, avec deux limites: le respect du culte de l’autre et l’adhésion à l’Etat de droit, qui comprend, entre autres, l’égalité entre les hommes et les femmes. Dans le passé, avec Denis Ducarme et d’autres, on a beaucoup travaillé sur ces questions. Aujourd’hui, j’ai d’autres responsabilités politiques. Je compte user de mon influence pour augmenter le niveau de sécurité de la communauté juive. Ce qui s’est passé à Bruxelles, Paris et Copenhague démontrent à suffisance qu’il faut être prêt. Les paroles ne suffisent pas, il faut des actes. Des moyens ont donc été dégagés pour renforcer la lutte contre le radicalisme; la présence militaire devant les sites juifs est maintenue et je préside le Conseil national de sécurité. En tant que Premier ministre, je veux obtenir des assurances sur le sujet.
Le dossier « Juifs de Belgique: pourquoi ils restent », dans Le Vif/L’Express de cette semaine.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici