Bruxelles et Flandre plaident pour un tax shelter étendu à l’industrie du jeu vidéo
La Flandre et la Région bruxelloise ont plaidé mardi pour un élargissement du mécanisme fiscal du tax shelter à l’industrie du jeu vidéo. Le ministre flamand des Médias Sven Gatz et la secrétaire d’Etat bruxelloise au Commerce extérieur Cécile Jodogne ont en effet profité de leur déplacement au Gamescom, un grand salon européen consacré aux jeux vidéos, à Cologne, pour souligner leur volonté de davantage promouvoir le travail des développeurs en Belgique.
Sven Gatz a mis en avant l’intérêt économique de l’industrie du jeu vidéo, trois fois plus importante que celle du cinéma. « A l’échelle mondiale, ce secteur culturel est plus important que ceux de la musique et du cinéma réunis. Cela ne va faire que s’amplifier, tant d’un point de vue économique que sociétal », prédit-il. « Le développement est exponentiel, tant dans le monde que dans notre pays. L’industrie est très prometteuse et jouit de beaucoup de créativité. Il y a, dans la capitale, tout un écosystème autour du numérique et de l’audiovisuel, qui a des retombées économiques importantes. Le potentiel de développement y est très important. Bruxelles et la Belgique doivent s’inscrire dans ces développements », abonde Cécile Jodogne.
Il existe environ 80 studios de création de jeux vidéos en Belgique, principalement basés en Flandre. Cela s’explique par la création en 2011 du Gamesfonds, le Fonds des jeux vidéo, au sein du Fonds audiovisuel flamand. Ce qui a réellement permis de dynamiser le secteur. Bruxelles a répondu en 2016 avec la mise sur pied de screen.brussels, qui accompagne les entreprises de jeux vidéos et dont le fond soutient les projets. Au total, trente entreprises belges sont présentes au Gamescom. Leur chiffre d’affaires est de 86 millions d’euros, un chiffre qui a doublé en quatre ans. Vingt d’entre elles se trouvent sur le stand belge et sont spécialisées dans le développement de jeux vidéos ou celui des services autour de l’industrie, « par exemple pour positionner ces jeux sur les smartphones », illustre la secrétaire d’Etat bruxelloise.
Cette initiative commune revient à Flanders DC, aux fédérations de jeux wallonne et flamande (WALGA et FLEGA) et au représentant du secteur des jeux à Bruxelles (screen.brussels). Dans les pays scandinaves, les jeux vidéos drainent un chiffre d’affaires bien plus élevé qu’en Belgique, où il est annuellement de 350 millions d’euros. Les responsables politiques voient dès lors un soutien financier accru comme un moyen d’aider le secteur. Mais, même si le meilleur des jeux est développé en Belgique, s’il ne bénéficie d’aucune publicité, il aura énormément de mal à se faire connaître. « Il y a davantage à faire, notamment de la part du gouvernement bruxellois », reconnait Cécile Jodogne.
Le Gamesfonds flamand veut, de son côté, soutenir les développeurs dans la promotion de leurs jeux. Son budget a d’ailleurs été doublé l’an dernier pour passer à 1,73 million d’euros. Tout comme Sven Gatz, Cécile Jodogne plaide également en faveur d’un tax shelter pour cette industrie. Les investisseurs bénéficieraient dans ce cas d’un régime fiscal favorable, tout comme c’est déjà le cas depuis de nombreuses années pour le cinéma et depuis peu pour les arts de la scène. « Ce serait la cerise sur le gâteau ou ‘le niveau suivant’ pour utiliser le vocabulaire du jeu vidéo », espère le ministre flamand. Paradoxalement, il y a trop d’argent en tax shelter et pas assez de projets, analyse-t-on au sein du secteur. La compétence est toutefois fédérale. Un projet de loi en ce sens a été déposé début mai par le CD&V soutenu par l’Open Vld et le MR. Après une éventuelle approbation à la Chambre, il faudra encore cependant convaincre la Commission européenne que ce mécanisme ne s’apparente pas à une aide d’Etat.