Bourse des mères porteuses : un bébé pour 80.000 euros
Une bourse des mères porteuses se tiendra, les 29 et 30 janvier, à Bruxelles. L’initiative provoque l’indignation parmi les experts, mais est rendue possible en Belgique à cause d’un flou juridique.
L’évènement se tiendra à Bruxelles les 29 et 30 janvier. La bourse aux mères porteuses est organisée pour la deuxième année consécutive à Bruxelles par une association américaine, rapportent plusieurs médias. Cet évènement s’adresse aux couples qui ne peuvent pas avoir d’enfants, en particulier les couples homosexuels masculins.
L’aspect commercial de la Bourse en choque plus d’un, particulièrement chez les professionnels du secteur de la GPA (gestation pour autrui). L’évènement permet, en effet, à la clinique de la fertilité américaine de promouvoir son catalogue, avec un vaste choix de mères porteuses, vivant aux Etats-Unis. L’ensemble des démarches peut coûter entre 80.000 euros et 100.000 euros, selon VTM.
Cette pratique est commune aux Etats-Unis, mais elle pose question chez nous. Interviewée par la RTBF, la gynécologue Candice Autin explique que « cela peut mener à des dérives où on exploite la misère de certaines femmes. On ne peut donc qu’avoir un regard négatif par rapport à ce type de pratiques« . Travaillant pour l’un des quatre hôpitaux belges qui pratiquent la GPA, elle préfère une approche « non-commerciale, altruiste, où il y a une dimension relationnelle et de confiance entre la mère porteuse et les parents d’intention« .
Flou juridique
Les professionnels du métier prônent un encadrement juridique, pour protéger tous les acteurs et éviter toute dérive de type commercial. En Belgique, la GPA bénéficie d’un flou juridique : elle n’est ni autorisée, ni interdite. Certains hôpitaux la pratiquent, mais selon leurs propres règles.
Pour l’instant, la GPA est possible sur le sol belge dans quatre centres de fertilité, mais en l’absence de tout cadre juridique. Fin de l’année passée, cela a été l’objet de discussions au Sénat, rapporte VTM. Tous les groupes se sont prononcés en faveur d’une initiative législative, à l’exception du cdH qui prône une interdiction totale du procédé. L’ensemble des partis se rejoint tout de même sur un point important : la GPA commerciale, contre rémunération, doit être proscrite.
Le rapport du Sénat est à présent prêt, et la Chambre doit encore se prononcer dessus. La gestation pour autrui doit présupposer un lien génétique entre l’enfant et au moins un des parents potentiels. Le couple doit être physiologiquement incapable de mener une grossesse à terme. De plus, ils devraient également avoir un lien avec la Belgique et être accompagnés par un centre de fertilité. Il doit également y avoir des accords clairs entre les parties et le droit de la mère porteuse d’avoir une compensation financière (coûts et perte de salaires, mais pas une rémunération). L’enfant a également le droit de connaître ses origines.
Le rapport d’information est destiné à servir de base à une proposition de loi, explique la RTBF. De là, trois pistes de réflexion sont possibles : l’interdiction pure et simple de la GPA, l’évaluation au cas par cas comme aujourd’hui, ou une autorisation partielle, mais sans rémunération.
Les féministes interrogent les limites du désir d’enfant
L’Université des femmes a convoqué mardi un vaste panel de philosophes, psychologues, médecins, juristes et politiques qui ont cerné les limites de cette forme de maternité de substitution. Leurs représentantes craignent l’aliénation du corps de la femme dans une société qui reste patriarcale. « La GPA n’est qu’affaire d’argent. Ce sont les multinationales qui appellent à la régulation du marché des femmes et des enfants », assure Marie-Anne Frison-Roche, professeure de droit économique à l’Institut d’études politiques de Paris, qui milite au sein du Collectif pour le respect de la personne (CoRP).
Le Sénat belge se limite à suggérer, sous strictes conditions une forme de GPA altruiste. Celle-là non plus ne convient pas à la société civile féminine. « Il s’agit d’une conception sexiste ne faisant que renforcer l’image selon laquelle la femme est forcément altruiste et bonne à garder les enfants à la maison.
(avec Belga)
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