11 000 Belges portent un prénom unique
La diversité des prénoms continue de s’accentuer. Conséquence : nos enfants sont de moins en moins nombreux à partager leur petit nom. De plus en plus souvent, ils sont même seuls à le porter !
Comme l’an dernier et le précédent, et encore celui d’avant, le nombre de prénoms distincts ne cesse d’augmenter, en Belgique. En 2002, les parents de nouveau-nés avaient puisé dans un réservoir de 15 297 prénoms différents. En 2007, pour quelque 121 000 naissances, leur choix s’était élargi à 18 194 petits noms (9 719 pour les filles, 8 475 pour les garçons)… En vérité, ce « pot commun » n’en a plus que le nom car, de toutes ces nouveautés mises sur le marché, bien peu semblent convenir à plusieurs petits porteurs à la fois : exception faite des trouvailles qui décolleront peut-être un jour, la plupart de ce répertoire neuf n’est attribué qu’une seule fois. Le nombre d’enfants qui reçoivent un prénom porté par eux seuls continue donc de croître, lui aussi : c’était le cas pour 10,3 % des bébés filles et pour 8,5 % des bébés garçons nés en 2007. Ce qui ne doit pas nous faire perdre de vue que, sur 100 filles ou garçons nés cette année-là, 90 filles et 92 garçons partageaient leur prénom avec quelqu’un d’autre…
Les causes de cette diversification sont néanmoins pointées depuis belle lurette : volonté d’affirmer sa liberté et son individualité, perte des traditions, hétérogénéité de la société, banalisation des voyages, assouplissement des règles de l’état civil, dont les officiers sont désormais tenus, depuis 1987, d’accepter tout prénom hormis celui « de nature à porter confusion ou préjudice à l’enfant ». Mais Internet est certainement venu amplifier le phénomène. Sans bouger de son bureau, il est possible d’aller à la pêche au prénom exotique et, au besoin, de l’adapter à volonté. Un site américain comme nameberry.com, par son épluchage systématique des faire-part de naissance, offre ainsi les tendances par semaine – où l’on découvre avec étonnement que la fréquence des petits Cadel a crû durant le Tour de France, qu’il y eut davantage d’Amy après la mort de la demoiselle Winehouse, et un nombre non négligeable d’Octavia le 8/8.
La volonté de se distinguer semblant culminer parmi les people anglo-saxons, de nombreux sites leur sont également consacrés, dont certains réservés aux « pires prénoms de bébés de célébrités ». Les audaces (avec ou sans jeux de mots) y sont en effet assez calamiteuses : pauvres Audio Science (Clayton), Moon Unit et sa s£ur Diva Muffin (Zappa), Peaches Honeyblossom (Geldof) ou Tu (Morrow)… ! La course à l’étrangeté n’épargne pas le reste du monde. En Belgique, chaque année, il y a des perles à récolter dans les listings fournis par le Registre national. Assez insensible (ou blasé), Erik Vloeberghs, collaborateur au service information et communication du SPF Economie se contente d’exécuter correctement son travail de recensement. « Nous constatons que la multiplication du nombre de prénoms va de pair avec un plus grand taux d’erreurs de transcription commises auprès de l’état civil. Nous devons contrôler davantage. » Parfois, c’est simple. Pas de doute que Bejamin, Astid, Chistine et Daphneé, relevés sur la liste des prénoms portés une seule fois en Belgique (données de 2008) y doivent leur présence à l’inattention du scribe communal. Mais pour Amédé et Adolin, comment savoir ? Et Vololomboahangy ?
Valérie Colin
TOUS LES GOÛTS SONT DANS LA NATURE
En 2008, plus de 11 000 Belges portaient un prénom unique. Une originalité, sans doute pas si facile à vivre tous les jours… Personne ne sait si Agricole travaille la terre, si Fiacre roule en Porsche ou si Tyran en est un. Pareil chez les filles : où peuvent bien résider, actuellement, Annecy, Béverlée, Dallas, Egypt, Malwine ou Versaille ? On ne connaît rien, en vérité, du destin particulier de ces hommes et femmes. Bienvenu-Magloire a-t-il loué ses parents pour son accueil aussi touchant sur terre ? A l’inverse, Moinul aura-t-il jamais pardonné aux siens ? Seule certitude : ils et elles ont tous un prénom unique, simple ou composé, mais porté par eux seuls. Attention : les 100 cas surprenants qui suivent ne sont pas extraits de la liste des prénoms des enfants nés en 2008 (année la plus récente disponible), mais de toute la population wallonne en vie au 1er janvier 2008. Baby vient donc peut-être de saluer le monde. Quant à Hospice, y coule-t-il des vieux jours heureux ?
Garçons : Akenaton, Az, Babush, Bau, Boghosse, Bolivie, Bonfils, Bonheur, Bopkr, Bruce-Lee, Bubume, Cacaph, Charalampe, Caïn, Castor, Cornée, Crockett, Dieumercibazungla, Dimenene-Nolasque, Dingeman, Djonatan, Dolor, Eddy-Jee, Emeraude, Expédit, Evere, Fuk, Givenchy, Guerlin, Heavy, Hilton, Hop, Jaufret, Khéphren, Kot, Lex, L’Unico, Nounangnon, Oui, Panda, Parsifal, Romain-Gonzague, Santé, Saskatchewan, Seigneur, Sequoia, Tibet, Toumaï, Wognonwon, Zozo.
Filles : Acacia, Afrodit, Alliance, Anakin, Anisette, Bamby, Belgiana, Canet, Cédille, Cervelle, Chantelle, Corisande, Couronnée, Custode, Danse, Diaraye, Duchesse, Enola-Jane, Expiracion, Fabiolah, Fougère, Fyfy, Halloween, Jutte, Lacrima, La-e, Laura-Laure, Maxi, Mayeurline, Mylédie, Neus, Olympiade, Pérèle, Patchouli, Peau, Perpetual, Pivoine, Popo, Princesse-Pamela, Radin, Ravelle, Rêverie, Rex, Savane, Splendeur, Tennecy, Tram, Tuba, Venus-Hornaëlle, Winnifrède.
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